French poetry for children
JEANNE ET LE WC POUR GARCONS
Les WCs pour garcons sont des lieux
interdits aux petites filles.
Les WCs pour filles sont des lieux
interdits aux petits garcons.
Mais si je suis en ville avec papa
et je dois faire pipi-caca,
papa ne peut point m’emmener chez les filles,
on ne le laisserait jamais y entrer.
Et si c’est Simon et maman
qui sont à deux, c’est pas différent,
si Maman entrerait chez les garcons,
on la flanquerait à la porte.
Pour aller seul aux cabinets,
mon frère, Simon est assez grand,
mais maman ne le laisse pas faire,
car de sales monsieurs y sont souvent.
Ils vont donc au WC pour filles.
FEMMES c’est ce qu’on lit sur la porte.
Moi, je vais chez les garcons
avec papa, mais ferme les yeux.
Des Monsieurs sont là, tous debout,
comment il font pipi, c’est curieux
Le WC ne dit rien, il lui est égal
pipi de fille, pipi de gars.
INSTINCT DE CHASSE
Chez nous, les deux garcons
Sont chasseurs étonnants,
Ils montent sur l’échelle
Ou font le tour de la chambre.
Ils s’arrêtent en silence,
Puis soudain une fracasse…
Je meurs de peur, je crois,
Si je ne fais pas gaffe.
Une centaine de milliers
De mouches, il y a tant,
Bon, peut-être pas autant
Mais disons plus de cent!
C’est Papa et Simon
Qui tuent ces saletés
Qui marchent sur les plats
Et souillent les WC-s.
Ils les attrapent au vol,
Sur les murs, ils les écraseront,
Sang de mouche sur la table,
Points rouges sur le plafond.
Je ne m’occupe pas de mouches,
Ca, les filles l’aiment pas autant!
C’est un peu dégueulasse,
Mais très intéressant!
CHANSON DES FILLES
Les garcons disent toujours
que nous minaudons, zézayons,
et que des jeux normaux
jamais nous ne jouons.
Mais eux, ils sont si dingues,
ils se roulent par terre,
échangent des coups de poings
en disant, c’est super.
Coups de pied, bousculades,
mais nulle trace de ballon,
ils disent que c’est le foot,
et souillent leurs pantalons.
Et quand ils parlent voitures
ils sont capables de se bagarrer
sur quelques centimètres cubes
de la cylindrée d’une BMW.
Aussi, les garcons tout le temps
entrent au WC pour filles,
nous arrosent d’eau de robinet,
et nous poussons des cris.
Ils nous font un croc-en-jambe,
et nous tombons par terre,
ils disent que nous avons des cheveux
et n’avons pas de cervelle.
Ils mettent des punaises,
sous notre fesse, les voyous,
ils ne nous laissent pas en paix
et sont amoureux de nous.
CHANSON DES GARCONS
Toutes les filles sont cinglées,
n’arrètent pas de chuchoter,
et tu as beau les battre,
elles ne révèlent pas leur secret.
Elles habitent des châteaux,
elles ont vingt chevaux d’or,
mais ce n’est pas un cheval
qui les emmène à l’école.
De vraies perles poussent partout
dans leur jardin, aux arbres,
leurs placards sont chargés:
bonbons et chocolat.
Chez elles, les murs émettent
d’admirables mélodies,
elles dansent jour et nuit
tournent commes des toupies.
Leur robe est de soie,
leur diamant ciselé,
si l’on est assez sot
de croire leurs contes de fées.
Elles tirent leur langue,
mais tu les giffles en vain,
elles pleurent et parlent aux grands
tu es punis pour rien.
Elles dessinent sur leurs ongles
des petits coeurs si doux,
elles sont insupportables
et amoureuses de nous.
ÉCHANGE
Un-deux-trois-un-deux-trois…
Un château près de l’eau,
debout là, je le vois,
je murmure: les mûres mures,
je les tiens dans ma main.
Des mûres mures près de l’eau,
debout là, je les vois,
je murmure: un château
je le tiens dans ma main.
POURCEAU ET ABRICOT
Cueillons des arbres des pourceaux,
Attrapons tous les abricots!
Éplucheons donc les gros pourceaux
Et écorchons les abricots.
Dénoyotons donc les pourceaux,
Et désossons les abricots.
Mettons donc cuire les abricots
Buvons un peu de jus de pourceau.
COULEURS
Les coquelicots
sont aussi belles
pour attirer les abeilles.
Mais sous terre c’est pour qui
qu’ont de si belles couleurs
les carottes et les radis?
PAUVRE PORTE
Pour aiguiser
ses griffes, le chat
gratte de haut en bas
la porte de bois.
Quand arrive l’orage,
le chien a peur, a rage,
il mord et il bat
la porte de bois.
L’adulte arrive,
sa clef entre ses dents,
ses mains plains de sacs,
la porte, il la claque.
Arrive l’enfant,
comme toujours, en courant,
il ferme la porte à son gré,
d’un coup de pied.
Oh quelle misère
que la vie d’une porte,
si elle n’avait pas de gonds,
elle partirait pour de bon.
UNE MAISON QUI PALE
C’est la fenêtre
qui fait naître
le monde entier.
Mais elle enferme
les habitants,
tristes prisonniers.
C’est à travers la porte
que tout se transporte.
Et c’est à travers la porte
que rentrent les bruits horrifiques
du trafic.
Le parquet
est un cheval parqué,
il trotte, trotte dans l’écurie
de la chambre, oh, triste vie,
il voudrait parcourir les prés.
LE CANARI DE PAMELA
Pamela a un canari,
et un ami qui en a ri,
mais laissons ce méchant ami,
ne chantons pas de tels amis!
Pamela a un canari
et une erreur qu’elle a commi.
Erreur? Horreur! Oh, mes amis!
Pamela a un canari!
Mais aussi, elle a un mari,
c’est pas bien d’avoir un mari
quand on a un beau canari!
Car de Pamela le mari
qui est miné d’autres soucis,
donne à manger au canari,
lui, il boit du Campari,
qu’on peut acheter à Paris.
Mange, mon pauvre canari,
bois donc, mon mari chéri!
Voilà, les grains sont engloutis,
tout comme le verre de Campari…
Mais Campari fini,
le mari est parti.
Le pauvre canari
voit un gros chat qui arri-
ve.
La cage ouverte, le mari parti,
Oh, pauvre petit canari,
Il va monter au Paradis,
Au Paradis des canaris.
Mais l’histoire n’est pas finie!
Car Saint-Pierre au Paradis
En voyant Pamela chéri
Verser ses larmes infinis
De midi jusqu’à minuit
Même jusqu’à minuit et demi
A assez de ce charivari
Et renvoit le canari.
Chez Pamela il atterit.
Eh bien, Pamela, la voici,
La voici qui ne pleure, qui rit,
Eh oui, tant pis, eh oui, tant pis,
Son mari la réconcilie,
Ils mangent ensemble un bon chili,
Bien arrosé de Campari.
Le bonheur est donc rétabli,
Mais un jour, c’est un vendredi,
Chère Pamela étant partie
On voit bien son bon mari
Qui donne à manger au canari
Et qui se verse un Campari,
Et fermer la cage, il l’oublie.
Aussitôt c’est le chat qui arri-
ve.
Eh bien, ca ira ainsi
Eh oui, jusqu’à l’infini…
LES FUMEURS
Monsieur fume et madame fume,
la fumée monte jusqu’à la Lune.
Monsieur fume et madame fume,
c’est de la farine, c’est de la brume.
Monsieur fume et madame fume,
la fumée est bleue, comme une prune.
Monsieur fume et madame fume,
tombe le cendre, dans une urne.
Monsieur fume et madame fume,
oeil de chat, groseille qui s’allume.
Monsieur fume et madame fume,
leurs doigts jaunies et leurs dents brunes.
Monsieur fume et madame fume,
les mégots par terre s’accumulent.
VIDE-GRENIER
Vide-grenier, vide-grenier,
grand événement,
on peut pa nier,
apporte tes choses
pour t’en débarasser.
Chaises brisées, pots cassés,
parapluies fracassées,
Vieilles photos entassées,
vêtements sales, froissés,
c’est assez, c’est assez!
Vide-grenier, vide-grenier,
grand événement,
on peut pa nier,
tant de choses à ramaser!
Poupées sans bras et cassées,
chaises à peine cassées,
vieilles photos, c’est le passé,
vieux trésors cadenassés,
pour trois sous quel panaché!
Tu es bien intéressé!
LA PETITE FILLE À LA BOUTEILLE
Une petite fille
habite la bouteille
ses yeux sont des billes
si tu la regardes
de tout près,
de tout près,
toutes ses dents grandissent
gigantesques grilles.
Tu as beau sourire
c’est d’un air méchant
qu’elle te regarde,
la petite fille
elle tient quand-même
toute entière
avec ses dents immenses
avec ses yeux de billes
avec sa bouteille
dans tes yeux…
L’OMBRE
Mon ombre n’est pas sage,
il se roule par terre,
il se roule
dans la boue,
dans la pluie
dans le gadoue,
impossible de le blanchir
même si je le traine
dans la neige fraîche.
POISSONS
Poissons couverts d’écailles,
rivières couvertes d’écailles,
si tu les prends dans ta main,
ils glissent, disparaîssent.
Rivière qui glisse
dans son lit, grand poisson,
ses flancs couverts d’écailles
sont pleins de poissons.